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Témoignage d’une infirmière et d’un élève aide-soignant sur LA CONFUSIONITE et LE BONHEUR PLUS FORT QUE L’OUBLI

J’ai reçu aujourd’hui un « cadeau de rentrée » qui montre que mon discours sur Alzheimer constitue une aide précieuse pour la formation des soignants. Je le partage ici.

Angélique l’infirmière : Cette journée passée en Novembre 2019 avec votre troupe et La Confusionite est un merveilleux souvenir. Au-delà de l’intérêt professionnel , c’était  une belle rencontre emplie d’une  humanité sincère . Notre école continue chaque année à présenter votre livre « le bonheur plus fort que l’oubli », J’avais envie de partager le travail d’un élève pour vous témoigner de l’utilité de cet ouvrage dans notre formation . Chaque année vos mots , vos expériences ouvrent  le champ des possibles .

Alex élève aide-soignant : Dans son ouvrage, après une mise en abime du contexte, de leur parcours de vie respectifs, jusqu’à leur rencontre, puis vie à deux ; Colette Roumanoff nous parle des changements auxquels elle et Daniel, son mari, ont dû faire face après que ce dernier fut diagnostiqué atteint de la maladie d’Alzheimer.

Le bonheur plus fort que l'oubli

L’autrice aborde ici les fondamentaux nécessaires pour tout patient et aidant se retrouvant dans le même cas. Elle nous explique qu’il est primordial de comprendre et d’accepter que rien ne sera plus jamais comme avant mais qu’en revanche, ce n’est en rien une fatalité, sauf si nous choisissons de voir les choses comme telle. Elle écrit que les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont un cadeau à nous faire si nous savons le distinguer pour le recevoir, qui est celui « d’investir notre énergie dans le présent, ici et maintenant. » Une personne aidante doit être armée de patience, puis réfléchir dans le but de transmettre le meilleur dans son approche et ses actes vis-à- vis du patient. Cela permet d’apprendre ou réapprendre à établir une relation de confiance, en décodant les nouveaux comportements qui se muent chez la personne aidée. Si Alzheimer procure de nouvelles difficultés et inquiétudes, il apporte en son sein également des bonheurs nouveaux. Parvenir à les vivre ou non, dépendra de nos innombrables façons d’aggraver la maladie, ou à contrario, d’améliorer le quotidien. Tout réside dans nos choix et notre capacité à anticiper puis aborder ces lots de changements, de surprises, d’inédits, ainsi que dans notre communication verbale et non verbale.

Colette Roumanoff nous délivre ici un atout majeur qui est celui de comprendre la force de la communication, de l’écoute, du respect, de la considération, ainsi que de la nécessité de l’adaptation de l’environnement au cerveau du patient. Tout doit être fait pour supprimer ce qui est source de stress, éviter l’ennui, remplacer ce dont le patient n’est plus apte à gérer en se concentrant sur de nouveaux repères, activités et stimulations (physiques comme psychiques) afin que ce dernier se sente en confiance. Se faisant, la relation aidant/aidé trouve sa plénitude.

Dans le chapitre 11, intitulé « Une journée ordinaire » Colette Roumanoff nous raconte ici chaque étape de l’éveil au coucher, d’une journée avec son mari, des années après son diagnostic. Au fil des mots puis des pages, se dessinaient avec une précision stupéfiante sous mes yeux, absolument tous les types d’aide entre le soignant et le soigné tels que la suppléance, la supervision, l’organisation (ces trois-là en abondance) puis également la présence de la stimulation et l’éducation. Le tout dans une approche constante de communication et de suppléer son mari dans ses actes de la vie quotidienne mais jamais en décidant à sa place. Le parallèle avec la formation et la profession d’aide- soignant était saisissant.

Découvrir les fondements de l’approche Carpe Diem le 27 juin à Echirolles 38130 de 9h à 17h.

Ce colloque est organisé par AMA DIEM. C’est une journée de Formation pour apprendre à mieux vivre au quotidien avec les personnes touchées par la maladie d’Alzheimer. Pour s’inscrire c’est simple, la salle fait 600 places. Le tarif va de 100€ pour les professionnels à 20€ pour les étudiants.

La Peur des EPHADS

 Dès qu’il s’agit d’Alzheimer le plus grand ennemi que l’on rencontre est la peur, peur de la maladie, peur du malade et voilà que s’y ajoute aujourd’hui la peur des Ehpads qui a pris une nouvelle dimension, grâce notamment à un livre que je ne citerai pas, et au Covid.

Nous vivons dans une société qui adore les scandales affreux et les indignations vertueuses, les médias captent ainsi l’attention du public et répandent à leur aise l’inquiétude.

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L’importance de la marche arrière

C’est la première chose que j’ai comprise à une époque où je ne savais rien de la pathologie: en cas de difficulté inattendue, stop et marche arrière, pour prendre du recul et le temps de remettre les choses dans le bon sens.

A partir du moment où il y a un blocage, si on s’entête et si on veut passer en force, continuer la marche avant vers le but fixé d’avance mène droit dans le mur. Et c’est l’accident dont les dégâts seront si difficiles à réparer. Continue reading

De quoi est faite la bienveillance ?

Un aidant peut devenir un expert, un expert de plus en plus compétent, s’il corrige ses erreurs d’appréciation et de compréhension. Mais ce n’est pas à la portée de tout le monde (cf Le livre des aidants du Docteur Polydor : il faut faire un audit des aidants). Certains se disqualifient en entrée de jeu.

Comment ? Pourquoi ? Le premier obstacle c’est le refus de changement, ce qui donne :

« Je ne supporte de voir ce qu’il est devenu, ça me rend malade. »

« C’était mon point d’appui, je l’ai perdu et je me sens perdue. »

Un patient Alzheimer vit dans le présent. Il ne peut entrer en relation qu’avec des gens qui sont dans le présent et pas en train de penser à autre chose, pas en train de se sentir mal. C’est en commençant par accepter la situation présente qu’on peut essayer de la changer et pour cela on a besoin de toute son intelligence et toute sa bonne humeur. L’intelligence du cœur est l’atout principal.

Le deuxième obstacle c’est la foi en la médecine.

« C’est le boulot des médecins de guérir, de remettre les choses en l’état ». On donne les remèdes et on attend. On se défausse sur le corps médical, on démissionne. Voilà pourquoi on trouve de plus en plus de statistiques qui disent que les remèdes ralentissent la maladie pendant six à huit mois pas plus (cf le nouvel obs). Ce qui est faux, archi-faux.

Les remèdes doivent s’accompagner d’une prise en charge bienveillante et alors leur efficacité est multipliée. Ils peuvent être pris longtemps.

Pour cela il faut une certaine indépendance d’esprit, tenir à distance le discours médical d’autant plus prolixe qu’il est inopérant, tenir à distance les valeurs de la société actuelle qui veulent nous faire croire qu’on devrait tous sauter sur un velib’.

Ce qu’on remarque, hélas, c’est que ce sont ceux qui n’ont pas réussi à assurer qui font le plus de bruit, qui écrivent le plus de livres, qui s’engagent dans les associations comme bénévoles pour répandre la nouvelle : « Alzheimer c’est horrible ! » Ce qui est une attitude dépourvue de bienveillance.

Il est temps de changer de regard.

« Le mythe de la maladie d’Alzheimer » de Whitehouse

le mythe de la maladie d'alzheimer
Un livre clair et intelligent qui présente les vrais enjeux soulevés par le diagnostic, les traitements, les soins, la recherche et tout ce qui tourne autour d’une maladie qui a pris la forme d’un mythe terrifiant.L’auteur est américain et nous conte l’histoire de la formation de l’Empire d’Alzheimer aux Etats-Unis. Il y a pour nous français quelques bonnes leçons à prendre pour éviter de tomber dans les mêmes pièges, de faire les mêmes erreurs. Les millions de dollars dépensés aux Etats-Unis pour la recherche n’ont pas changé le quotidien des malades et c’est à eux qu’il convient de s’intéresser aujourd’hui, de manière concrète. Continue reading

Pourquoi le déni de la maladie est si répandu

La presse aime bien les drames.
Le déni de la famille et du patient sont renforcés par l’image horrible de la maladie d’Alzheimer répandue dans les médias (cf as tu vu ce bel article du nouvel observateur) et dans l’inconscient collectif. Le déni vient de la peur des changements apportés par la maladie, peur d’autant plus grande que l’on a des idées fausses et imprécises sur les changements en question. Il faut dire qu’il y a des associations dont le rôle serait de défendre les malades et qui fournissent aux médias les horribles histoires dont ils sont si friands, ce qui fait de Alzheimer un sujet récurrent et rentable pour nos magazines.

Le discours médical reste froidement scientifique.
Les neurologues ont une spécialité le cerveau. Même pour eux il  y a diverses théories qui sont loin de tout expliquer. Leur spécialité n’est pas la vie quotidienne.  Le discours médical donne force détails (détails relayés par les associations qui n’ont  pas compris que le stress est l’ennemi des familles et des patients) sur les différentes manières dont la situation va empirer et c’est à peu près tout, car les remèdes ne peuvent que retarder la dégradation du cerveau. Les capacités préservées, les nouveaux apprentissages, la bonne humeur au quotidien… ne font pas partie des dernières découvertes de la recherche médicale, dont on espère une pilule miracle, le plus vite possible.

Non-assistance à personne en danger.
Il ne faut pas s’étonner alors de voir, sauf exception, le patient refuser le diagnostic, les remèdes qui vont avec et les modifications de comportement. Le déni fait partie de la maladie et ne gêne en rien le patient. C’est le moment de commencer à comprendre comment il fonctionne. Quoi qu’il arrive, il sait et il ne sait pas, en même temps, qu’il est porteur de cette maladie. La preuve, il est terriblement atteint quand on dresse devant lui le portrait d’un avenir atroce, comme s’il ne pouvait ni entendre ni comprendre (cf les médecins connaissent-il Alzheimer)
Il en est tout autrement pour la famille, pour qui le déni de la maladie est grave. Il y a un danger réel à faire comme si de rien n’était. En face d’une situation nouvelle, il faut des comportements nouveaux. Et comme la pathologie évolue sans cesse il faut sans cesse de nouveaux aménagements du mode de vie (cf la valse des miroirs.)
La période qui suit le diagnostic est cruciale, c’est le moment d’initier les transferts de compétences et commencer à modifier la géographie des relations. C’est le moment pour les personnes concernées de réaménager leur vie, de faire preuve de créativité, de prendre des mesures de fond pour sauvegarder la vie sociale et relationnelle du patient. Quand les choses se seront mises harmonieusement en place le patient ne parlera pas forcément de sa maladie qui continue de faire peur à tout le monde, et cela n’a aucune importance contrairement à ce qu’en pensent les soignants.

Le déni des soignants et le manque d’empathie

Il y a de psychologues, des orthophonistes, des ergothérapeutes, des médecins, des infirmières, des aides-soignantes, qui considère que le patient doit d’abord « accepter sa maladie », plaider coupable, ce qui montre qu’ils n’ont pas compris comment fonctionne le cerveau d’un patient qui a perdu la capacité de faire des plans, des analyses et des synthèses, de raisonner sur les choses, de se repérer dans le temps et l’espace. Ils font donc montre d’un déni qu’ils reprochent ensuite aux autres. Ils se sentent ainsi justifiés à rejeter des malades assez stupides pour ne pas comprendre leur maladie et qui opposent une fin de non-recevoir à l’aide (inadéquate) qu’ils proposent.

On ne peut pas leur en vouloir, ils répètent ce qu’on leur a appris. Ils croient que pour soigner, il faut s’en tenir aux protocoles enseignés par la faculté. Ils supposent la présence de capacités absentes et ne voient pas celles qui sont réellement présentes. Ils n’ont pas été formés à l’empathie. Hélas !

Seuls ceux qui savent trouver en eux cette empathie ont une vraie connaissance de la maladie et peuvent entrer en relation avec les patients. Aujourd’hui c’est cette connaissance qui manque le plus.

 

Faire de l’exercice active les neurones!

Changement de perspective concernant le vieillissement pathologique du cerveau.
Nature est une revue scientifique qui fait autorité dans le monde entier et publie les dernières découvertes scientifiques. Dans un article publié en 2009 on apprend que la maladie d’Alzheimer avec la présence de plaques dans le cerveau arrive rarement seule et que c’est la conjonction avec des problèmes vasculaires qui cause le plus de dommages. On sait depuis 2007 que des personnes n’ayant pas de problèmes de mémoire peuvent avoir en vieillissant ces fameuses plaques dans le cerveau. D’autres études plus récentes montrent que c’est la taille du cortex et celle de l’hippocampe qui jouerait un rôle majeur dans les problèmes de mémoire et de repères.


golf alzheimerDes actions préventives possibles.

On recherche maintenant ce qui dans le cours de la vie pourrait provoquer cette réduction de taille de l’hippocampe et du cortex et ce qui pourrait l’empêcher. Avec cette nouvelle théorie, il semble que des actions préventives soient possibles, que le cortex et l’hippocampe peuvent se développer avec l’exercice physique ou un intense travail cérébral.

Deux exemples sont donnés : ceux d’un groupe de personnes âgées qui ont suivi pendant six mois un programme de marche à pied 3 jours par semaine et qui ont vu le cortex de leur lobe frontal augmenter de 3%, de même que des étudiants en médecine pendant les trois mois où ils préparaient leurs examens de fin d’études.
On peut déjà retenir ceci : l’exercice physique est à promouvoir de toute manière. Nous vivons dans une société qui s’est fixé pour but depuis longtemps l’absence de tout effort physique. On fait des merveilles en appuyant sur des boutons et des télécommandes et pendant ce temps l’énergie ne circule plus, ni dans le corps ni dans l’esprit. La merveille est que notre cerveau peut créer des neurones avec la marche à pied.
Voilà une activité à proposer à et à pratiquer: la promenade.
Autres idées à envisager: le tennis, le ping-pong, la boxe, le golf, le jardinage…

Le livre des aidants de Jean-Pierre Polydor : alzheimer.

« alzheimer mode d’emploi. Le livre des aidants. » de Jean-Pierre Polydor.

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C’est un livre à garder près de soi, à lire et à relire. Cet ouvrage, rédigé à partir d’un grand éventail de cas, fait le tour de beaucoup de questions et rejoint dans ses grandes lignes notre démarche. Voici quelques titres de chapitre : La maladie d’Alzheimer, comment ça marche ? Comment bien communiquer avec le patient ? Comprendre les crises. Comment donner au malade les moyens de s’exprimer ? Comment lui organiser des loisirs ? Comment lui garder sa vie d’avant ? Continue reading