Archives de catégorie : Comprendre la maladie

Comment vivre au quoditien

Vivre heureux avec Alzheimer?

Voici des extraits de notre première conférence (2009) qui s’adressait aux soignants et aux familles de l’hôpital Bretonneau, que nous avons faire à la demande du Docteur Drunat. Mon mari avait lui même choisi ce titre qui en avait choqué plus d’un.

Comme Daniel n’avait pas l’habitude de faire des conférences, j’étais assez inquiète pour lui, j’avais peur qu’il se sente stressé. Or tout a bien été et dès qu’il a parlé l’atmosphère de la salle qui était plutôt hostile s’est transformée: les gens ont commencé à sortir leur portable pour enregistrer et nous ont chaleureusement remercié à la fin « pour cette leçon de vie ».

Le lendemain il  était en pleine forme et je l’ai envoyé seul en métro chercher un pantalon retouché dans un grand magasin. Chaque fois qu’il se passe un événement dont le patient tire une fierté, s’il réussit quelque chose qui lui parait difficile, c’est comme si ses ressources se trouvaient renforcées. Le même phénomène se produit pour tout un chacun, mais chez un patient il est évident et visible.

« Le mythe de la maladie d’Alzheimer » de Whitehouse

le mythe de la maladie d'alzheimer
Un livre clair et intelligent qui présente les vrais enjeux soulevés par le diagnostic, les traitements, les soins, la recherche et tout ce qui tourne autour d’une maladie qui a pris la forme d’un mythe terrifiant.L’auteur est américain et nous conte l’histoire de la formation de l’Empire d’Alzheimer aux Etats-Unis. Il y a pour nous français quelques bonnes leçons à prendre pour éviter de tomber dans les mêmes pièges, de faire les mêmes erreurs. Les millions de dollars dépensés aux Etats-Unis pour la recherche n’ont pas changé le quotidien des malades et c’est à eux qu’il convient de s’intéresser aujourd’hui, de manière concrète. Continue reading

« Alzheimer » de Michèle Micas

alzheimerComprendre et faire face.
C’est le titre que Michèle Micas a donné à un des chapitres de son livre, c’est le cœur de sa démarche, comme c’est la nôtre. Sans comprendre on ne peut rien faire de constructif ni d’intelligent. La maladie d’Alzheimer induit des comportements  étranges, devant lesquels il est si facile de se scandaliser, ce qui engendre inévitablement des drames pour toutes les personnes concernées, alors qu’il est possible de rechercher, à condition justement de comprendre et de faire face, un niveau de vie optimal pour tout le monde.


Continue reading

Pourquoi le déni de la maladie est si répandu

La presse aime bien les drames.
Le déni de la famille et du patient sont renforcés par l’image horrible de la maladie d’Alzheimer répandue dans les médias (cf as tu vu ce bel article du nouvel observateur) et dans l’inconscient collectif. Le déni vient de la peur des changements apportés par la maladie, peur d’autant plus grande que l’on a des idées fausses et imprécises sur les changements en question. Il faut dire qu’il y a des associations dont le rôle serait de défendre les malades et qui fournissent aux médias les horribles histoires dont ils sont si friands, ce qui fait de Alzheimer un sujet récurrent et rentable pour nos magazines.

Le discours médical reste froidement scientifique.
Les neurologues ont une spécialité le cerveau. Même pour eux il  y a diverses théories qui sont loin de tout expliquer. Leur spécialité n’est pas la vie quotidienne.  Le discours médical donne force détails (détails relayés par les associations qui n’ont  pas compris que le stress est l’ennemi des familles et des patients) sur les différentes manières dont la situation va empirer et c’est à peu près tout, car les remèdes ne peuvent que retarder la dégradation du cerveau. Les capacités préservées, les nouveaux apprentissages, la bonne humeur au quotidien… ne font pas partie des dernières découvertes de la recherche médicale, dont on espère une pilule miracle, le plus vite possible.

Non-assistance à personne en danger.
Il ne faut pas s’étonner alors de voir, sauf exception, le patient refuser le diagnostic, les remèdes qui vont avec et les modifications de comportement. Le déni fait partie de la maladie et ne gêne en rien le patient. C’est le moment de commencer à comprendre comment il fonctionne. Quoi qu’il arrive, il sait et il ne sait pas, en même temps, qu’il est porteur de cette maladie. La preuve, il est terriblement atteint quand on dresse devant lui le portrait d’un avenir atroce, comme s’il ne pouvait ni entendre ni comprendre (cf les médecins connaissent-il Alzheimer)
Il en est tout autrement pour la famille, pour qui le déni de la maladie est grave. Il y a un danger réel à faire comme si de rien n’était. En face d’une situation nouvelle, il faut des comportements nouveaux. Et comme la pathologie évolue sans cesse il faut sans cesse de nouveaux aménagements du mode de vie (cf la valse des miroirs.)
La période qui suit le diagnostic est cruciale, c’est le moment d’initier les transferts de compétences et commencer à modifier la géographie des relations. C’est le moment pour les personnes concernées de réaménager leur vie, de faire preuve de créativité, de prendre des mesures de fond pour sauvegarder la vie sociale et relationnelle du patient. Quand les choses se seront mises harmonieusement en place le patient ne parlera pas forcément de sa maladie qui continue de faire peur à tout le monde, et cela n’a aucune importance contrairement à ce qu’en pensent les soignants.

Le déni des soignants et le manque d’empathie

Il y a de psychologues, des orthophonistes, des ergothérapeutes, des médecins, des infirmières, des aides-soignantes, qui considère que le patient doit d’abord « accepter sa maladie », plaider coupable, ce qui montre qu’ils n’ont pas compris comment fonctionne le cerveau d’un patient qui a perdu la capacité de faire des plans, des analyses et des synthèses, de raisonner sur les choses, de se repérer dans le temps et l’espace. Ils font donc montre d’un déni qu’ils reprochent ensuite aux autres. Ils se sentent ainsi justifiés à rejeter des malades assez stupides pour ne pas comprendre leur maladie et qui opposent une fin de non-recevoir à l’aide (inadéquate) qu’ils proposent.

On ne peut pas leur en vouloir, ils répètent ce qu’on leur a appris. Ils croient que pour soigner, il faut s’en tenir aux protocoles enseignés par la faculté. Ils supposent la présence de capacités absentes et ne voient pas celles qui sont réellement présentes. Ils n’ont pas été formés à l’empathie. Hélas !

Seuls ceux qui savent trouver en eux cette empathie ont une vraie connaissance de la maladie et peuvent entrer en relation avec les patients. Aujourd’hui c’est cette connaissance qui manque le plus.

 

Faire de l’exercice active les neurones!

Changement de perspective concernant le vieillissement pathologique du cerveau.
Nature est une revue scientifique qui fait autorité dans le monde entier et publie les dernières découvertes scientifiques. Dans un article publié en 2009 on apprend que la maladie d’Alzheimer avec la présence de plaques dans le cerveau arrive rarement seule et que c’est la conjonction avec des problèmes vasculaires qui cause le plus de dommages. On sait depuis 2007 que des personnes n’ayant pas de problèmes de mémoire peuvent avoir en vieillissant ces fameuses plaques dans le cerveau. D’autres études plus récentes montrent que c’est la taille du cortex et celle de l’hippocampe qui jouerait un rôle majeur dans les problèmes de mémoire et de repères.


golf alzheimerDes actions préventives possibles.

On recherche maintenant ce qui dans le cours de la vie pourrait provoquer cette réduction de taille de l’hippocampe et du cortex et ce qui pourrait l’empêcher. Avec cette nouvelle théorie, il semble que des actions préventives soient possibles, que le cortex et l’hippocampe peuvent se développer avec l’exercice physique ou un intense travail cérébral.

Deux exemples sont donnés : ceux d’un groupe de personnes âgées qui ont suivi pendant six mois un programme de marche à pied 3 jours par semaine et qui ont vu le cortex de leur lobe frontal augmenter de 3%, de même que des étudiants en médecine pendant les trois mois où ils préparaient leurs examens de fin d’études.
On peut déjà retenir ceci : l’exercice physique est à promouvoir de toute manière. Nous vivons dans une société qui s’est fixé pour but depuis longtemps l’absence de tout effort physique. On fait des merveilles en appuyant sur des boutons et des télécommandes et pendant ce temps l’énergie ne circule plus, ni dans le corps ni dans l’esprit. La merveille est que notre cerveau peut créer des neurones avec la marche à pied.
Voilà une activité à proposer à et à pratiquer: la promenade.
Autres idées à envisager: le tennis, le ping-pong, la boxe, le golf, le jardinage…

Le livre des aidants de Jean-Pierre Polydor : alzheimer.

« alzheimer mode d’emploi. Le livre des aidants. » de Jean-Pierre Polydor.

<em srcset=alzheimer mode d’emploi. Le livre des aidants » width= »169″ height= »300″ />

C’est un livre à garder près de soi, à lire et à relire. Cet ouvrage, rédigé à partir d’un grand éventail de cas, fait le tour de beaucoup de questions et rejoint dans ses grandes lignes notre démarche. Voici quelques titres de chapitre : La maladie d’Alzheimer, comment ça marche ? Comment bien communiquer avec le patient ? Comprendre les crises. Comment donner au malade les moyens de s’exprimer ? Comment lui organiser des loisirs ? Comment lui garder sa vie d’avant ? Continue reading

Relire Dolto pour s’approprier la relation de dépendance

Il y a une parenté indéniable entre les situations liées à Alzheimer et celles de l’enfance. Notre société a décrété que « retomber en enfance » était politiquement incorrect et scientifiquement infondé. Nous nous trouvons bêtement privés d’un savoir-faire et d’un savoir-aider faciles à comprendre et à expliquer.
 Voici quelques phrases tirées d’un recueil d’articles de Françoise Dolto, intitulés « Les étapes majeures de l’enfance. » Il suffit de remplacer « parent » par « aidant » et « enfant » par « patient » pour éclairer les situations du quotidien. Mes commentaires sur ces quinze points sont en italiques. … Pour continuer sur ce sujet, la suite de cet article est dans le livre « Le bonheur plus fort que l’oubli ».

Capacités préservées et retrouvées

Peu de gens parlent des capacités préservées des personnes atteintes de la maladie. Pourtant elles sont essentielles aussi bien pour le malade que pour son entourage, sans compter toutes les capacités que l’on peut retrouver. Par exemple si un patient n’a pas joué au ping pong pendant 20 ans ou plus, dès qu’il tient sa raquette dans la main, sa compétence de joueur est intacte. Autre exemple, un patient ne se coupe plus les ongles, car il ne sait plus où est le coupe ongle. On le lui met dans la main et il se coupe parfaitement les ongles des deux mains.

Les capacités intellectuelles


Ce n’est pas parce que la mémoire immédiate vous manque que vous ne pouvez plus faire des choses très compliquées, que vous saviez faire avant et qui sont toujours à votre disposition. Exemple une personne désorientée peut traduire ou /et commenter un texte difficile. Essayez, cherchez et trouvez. Vous êtes un aventurier sur une terre inconnue, allez de l’avant. Il y des adaptations à trouver très certainement, mais c’est important pour vous de continuer à vivre votre vie, de conserver vos intérêts ou vos passions. Rien ne vous empêche non plus de découvrir d’autres voies, comme la peinture ou la sculpture ou…

Les capacités dans la relation au présent


colette et daniel roumanoffA partir du moment où vous êtes tranquillement en face d’une autre personne rien ne peut gêner votre relation et vous pouvez vous laisser aller à explorer votre sensibilité et à innover dans la relation à autrui. Comme le passé n’est pas très accessible et le futur assez flou, votre conscience vous ramène sans cesse au présent, restes-y et tirez en tout le profit possible.

Les capacités physiques évidentes


Golf alzheimerSi vous avez déjà joué au tennis ou au ping-pong pour prendre ces deux exemples, vous serez étonné du plaisir que vous aurez à les pratiquer. Une fois arrivé sur les lieux, vous vous sentirez à nouveau entier et complet et vous pourrez vous amuser pleinement. Rien ne vous manque et vous pouvez laisser votre partenaire compter les points, pour ne pas détourner votre attention du jeu. (Vous n’êtes pas obligé non plus de compter les points.)
Si vous vous promenez en compagnie, laissez vous aller au plaisir de la promenade et détendez vous, aucune inquiétude pour trouver le chemin du retour, la promenade est à vous. Partager votre bonne humeur et votre émerveillement avec votre compagne ou votre compagnon, car tout est nouveau pour vous.
Vous pouvez ainsi pratiquer toutes sortes d’activités physiques, de la gymnastique douce ou non, des disciplines chinoises. Pour le tai-chi ou chi quong,  vous risquez de ne pas pouvoir  mémoriser les enchaînements, n’insistez pas, ne vous mettez pas mal à l’aise. Trouvez un cours adapté à votre absence de mémoire immédiate ou faites un autre genre d’exercice plus gratifiant. (Voir Faire de l’exercice active les neurones)
Si vous pouvez programmer régulièrement dans la semaine des activités physiques, cela installera dans l’écoulement du temps des repères que vous pourrez reconnaître.