La critique de Fabrice Gzil sur la Confusionite

Fabrice Gzil est l’auteur d’un livre sur Alzheimer « Une maladie du temps ». Voici son avis sur la pièce « La confusionite »:

« J’ai été heureux de constater que votre pièce, dont j’avais déjà pu apprécier le texte, est à la scène une vraie réussite.
Vous montrez à quel point les personnes malades sont sensibles à l’atmosphère qui règne autour d’elles, au stress, aux cris, aux tensions, aux conflits…, et combien il est important de créer pour elles un environnement apaisé et apaisant. Comme cette chose toute simple nous éloigne des grands discours lénifiants! Comme elle est susceptible de changer concrètement nos manières de faire! Continue reading

Ma soirée des aidants au Ministère de la santé

 

J’ai eu la grande chance d’assister à la soirée des aidants du 6 octobre au Ministère de la santé. Le logo de la journée nationale des aidants joue sur les mots  j’aide = j’aime. C’est joli mais ce n’est pas le sujet du colloque. Le sujet est plutôt « aidons les aidants » qui deviennent alors des aidés, car l’équation est plutôt : « j’aide = je souffre = je m’épuise ». Continue reading

La sensibilité excessive: un handicap ou un atout?

Les patients Alzheimer développent une sensibilité d’autant plus grande (au chaud, au froid, au courants d’air, à n’importe quelle forme d’inconfort) qu’ils sont progressivement dans l’incapacité d’y remédier.

Une sensibilité grandissante

Il ne saura pas comment se découvrir s’il a chaud ou se couvrir s’il a froid. Plus la maladie avance plus la difficulté à s’adapter aux circonstances physiques les plus ordinaires, mettre ou enlever un pull, grandit et plus la sensibilité à l’inconfort se développe. D’autant qu’enlever un vêtement est spécialement difficile pour un patient: comme tout disparaît autour de lui à longueur de journée il a une relation quasi affective avec le vêtement qu’il porte et qui lui parait un objet proche et précieux. Pour réussir à ôter un vêtement même s’il fait trop chaud ou s’il doit aller sous la douche, il doit se sentir en complète sécurité affective avec la personne qui lui propose de se séparer du vêtement. La marche arrière se révèle souvent utile dans ces circonstances (cf: L’importance de la marche arrière). Continue reading

Atelier théâtre pour les aidants

Metteur en scène et épouse de patient, j’ai développé de nouveaux concepts et de nouveaux savoirs être pour faciliter une relation satisfaisante pour les deux parties : le patient et l’aidant. Je propose de vous les faire découvrir dans un atelier théâtre, en Fevrier, à Paris.

A-   Les ateliers

1- L’idée générale est qu’il est possible de vivre avec un patient Alzheimer sans éprouver de fatigue excessive, à condition de se positionner autrement dans le « théâtre de la relation ». Les techniques de théâtre et d’improvisations permettent d’explorer les pièges de la confusion, d’éviter le stress, de développer l’empathie en tournant son attention vers le non-dit. Continue reading

Les demoiselles de compagnie

Demoiselle de compagnie, voici une formule que j’ai remise au gout du jour parce qu’elle correspond à une situation vécue.

Un patient en bonne santé

Tant qu’un patient Alzheimer n’est pas malade, il n’a pas  besoin de garde malade. Un patient Alzheimer, à moins qu’il ait une autre maladie, est un patient en bonne santé. Mais il est désorienté. Il lui faut donc une boussole pour pouvoir se déplacer dans un espace même familier. Un Gps ne fera pas l’affaire… sauf peut être tout  au début, tant que l’autonomie est préservée. Quand il lui manque trop de repères et qu’il ne peut plus  rester seul, il lui faut en permanence de la compagnie, pour aller et venir, pour trouver les toilettes, pour faire les courses, pour se promener, lire ou aller au cinéma etc… il faut savoir que l’ennemi du patient c’est le stress mais c’est aussi l’ennui. Continue reading

Comment parler d’Alzheimer aux enfants

Si c’est la peur qui prime

Je reçois hier, rentrée oblige, deux demandes de dons pour « Alzheimer » avec des arguments destinés à ouvrir les porte-feuilles. Les BA aujourd’hui se font avec des chéquiers et si vous faites un don la maladie vous épargnera…

Dans un mailing, on joue avec l’angoisse comme avec un yo-yo. « Ensemble nous allons vaincre Alzheimer! «  Oui, mais on vous propose un test rapide en six questions. Si vous répondez: « oui » à deux questions, il est conseillé d’aller voir un centre mémoire. Tous menacés. Continue reading

La fin de l’ennui ou le début des ennuis?

Dès que le diagnostic est posé sous un nom  étrange et étranger qui se prononce « halle za mère » en français et « dé-men-ssia » en anglais, c’est la fin de l’ennui ou le début des ennuis.

Tout dépend de ce qu’on a mis dans son centre de gravité: une tendance au mouvement ou un goût pour l’immobilité.

Si on n’aime pas être dérangé dans son parcours de vie, on devient vite ronchon, on fonce tout droit dans une spirale où après avoir ronchonné un max, on va se mettre colère, protester, crier, insulter la terre entière et puis craquer, et puis pleurer et jeter l’éponge. … Pour continuer sur ce sujet, la suite de cet article est dans le livre « Le bonheur plus fort que l’oubli ».

Jeux d’intérieur et d’extérieur

jouer patient alzheimerJouer au ballon ou à la balle

Ces jeux donnent du plaisir, celui de bouger et d’échanger avec l’autre. Avec l’échange de la balle il y a des regards et des sourires qui s’échangent, des oh! et des ah! La bonne humeur refait surface et la vie reprend sa fluidité. Quelques minutes de jeu de ballon suffisent parfois pour sortir d’un trou d’air dans le quotidien.

A l’intérieur, on peut jouer même assis avec un ballon mou, c’est à dire dégonflé de manière à ce que rien ne soit endommagé et qu’il soit facile à attraper. Les ballons et les balles en mousse sont aussi très ludiques. Les ballons de couleur en plastique que l’on gonfle avec la bouche sont très légers, difficiles à attraper, mais faciles à renvoyer en l’air: une pichenette suffit , leur parcours parait fantaisiste et inattendu ce qui est très amusant.
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Vivre l’empathie: témoignage d’une aide soignante

 

La personne est là.

Elle est la somme de ce qu’elle a été. Il ne faut pas l’oublier. Il y a quelque chose dans son corps qui va éteindre les grandes lumières de la réflexion, de la compréhension, de la mémoire puis celle des mots. Et les petites lumières s’éteignent à leur tour, celle des gestes du quotidien : comment se laver… L’autonomie se délite… Continue reading

Comment décoder les comportements aberrants?

Je dois partir.

Dans la maladie d’Alzheimer, la mémoire n’a pas disparu, elle s’est désorganisée, elle refait surface sous forme de traces (cf la mémoire est-elle un buvard?) ou de segments qui peuvent engendrer des comportements incompréhensibles. Ce matin au petit déjeuner, Daniel me dit d’un air sérieux et pressé, comme s’il était en retard à un rendez vous important: « Je dois partir. » Pour continuer sur ce sujet, la suite de cet article est dans le livre « Le bonheur plus fort que l’oubli ».