A prescrire dans tous les cas: de la bonne humeur!

Les neurones miroirs.
Dans le développement  de la pathologie, les neurones miroirs prennent de plus en plus de place dans le nouvel équilibre du cerveau du patient et ils jouent un grand rôle pour le meilleur et pour le pire. Rien ne leur échappe.

Ces neurones sont ceux qui permettent l’apprentissage et l’empathie, c’est à dire qu’ils sont au cœur de la relation humaine. On apprend en imitant. C’est pourquoi les enfants apprennent souvent plus vite et plus facilement que les adultes parce qu’ils imitent naturellement un geste à reproduire.

Ils ne vont pas se poser les mille questions  qui vont jaillir d’un cerveau bourré de connexions tous azimuts. Par exemple: est ce que je suis à  ma place en faisant cela, j’ai tant d’autres choses plus importantes à faire, enfin je vais quand même essayer, mais je n’ai jamais été très bon en sport et il faut que je téléphone à… que je n’oublie pas de remettre de l’essence… tout cela et bien plus en moins d’une seconde.

Les neurones miroirs disparaissent derrière la suractivité des autres. Car nos cerveaux sont devenus aujourd’hui plus multitâches que jamais, si bien que être juste là en train de faire ce que l’on fait relève de l’exploit, ou d’un parcours initiatique. Or pour un patient Alzheimer la vie, c’est une seule chose à la fois, ici et maintenant.

Le Dr Polydor consacre un chapitre à « comment bien communiquer avec le patient » cf Le livre des aidants. Dans ce théâtre au présent qu’est devenu la relation, votre public est extrêmement attentif, il va ressentir et imiter ce que vous éprouvez, même si vous essayer de le dissimuler.

La bonne humeur.
Si, avec les meilleures raisons du monde, vous vous énervez, si vous êtes triste ou stressé, que va-t-il arriver à celui ou celle dont vous avez la charge? Non seulement il  a perdu beaucoup de ses capacités, de ses repères, de son autonomie, il a perdu le pouvoir de donner à l’autre d’aménager les choses pour lui-même ou pour les autres, mais voilà que son horizon s’obscurcit, que la tristesse l’envahit, que des ondes désagréables parcourent son système nerveux et que la confusion, qui l’habite et dont il ne peut se défaire, s’épaissit. Alors tout peut arriver.

bonne humeur alzheimerSi on a assez d’empathie pour s’apercevoir du trouble que l’on provoque, alors on laisse de côté les meilleures raisons du monde, pour s’en occuper plus tard ou les passer par dessus bord, ce qui est très efficace. Si je m’inquiète du montant de mes impôts, toute l’inquiétude du monde ne me donneras pas un centime d’euros de plus. Si je m’inquiète de l’état du patient dont j’ai la charge, je contribue à aggraver son état.  Pourtant s’inquiéter et s’indigner sont des comportements validés par notre société, considérés comme légitimes et donc encouragés par notre environnement socio-culturel, peu soucieux de l’énergie humaine qui se trouve ainsi détruite.

Les soucis éliminés, on se contente d’être là, d’exister, d’être assuré et rassurant. Alors l’horizon du patient s’éclaire, il peut sourire, parler. Quelques repères refont surface ici où là et il peut à nouveau échanger, commencer une activité, rire et s’amuser. Son rire aussi est communicatif si nos neurones miroirs sont en éveil. La bonne humeur apparaît comme le moteur de l’existence, le carburant indispensable du quotidien.

C’est pourquoi il y a si peu de rapport entre l’état d’un patient et l’état d’avancement de sa maladie. Car le patient seul n’existe pas: il y a lui et son environnement qui forment un tout. Si la bonne humeur est au départ et à l’arrivée, tout sera pour le mieux.

 

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