Un guide parfait de qu’il faut éviter de faire: THE FATHER

Sur l’insistance d’une responsable d’association, j’ai regardé hier le film THE FATHER, Le Père en français. J’avais vu la pièce au Théâtre Hebertot à sa création: je l’avais trouvé épouvantable, malgré le talent immense de Robert Hirsch. A la fin, les spectateurs plombés et silencieux ont mis une bonne minute avant d’applaudir.

J’ai entendu parler du film THE FATHER et de l’Oscar attribué au comédien qui incarne le malade. J’ai trouvé le film pire que la pièce et son succès montre de manière évidente que notre société adore ce qui est glauque et désespérant, que la machine à faire peur continue à tourner allègrement et que la dédramatisation de la maladie d’Alzheimer n’est pas près de voir le jour.

Le partis pris du metteur en scène est déboussoler le spectateur en rejouant la même scène avec des personnages différents, certains apparaissent d’autres disparaissent, changent d’identité de vêtements et de corps, un peu comme dans un film d’horreur.

Le but de ces mises en scène serait de faire sentir à quel point le malade ne sait pas où il se trouve ni à qui il a affaire. Voilà donc un malade qui hallucine en permanence, ce qui ressemble plus à une maladie psychiatrique grave ou à d’autres pathologies neuro-évolutives qu’à une maladie d’Alzheimer. Un malade Alzheimer n’est jamais fou, même si le mot démence que le corps médical emploie encore trop souvent prête toujours à confusion. Rien ni personne n’est là pour le rassurer. On lui parle durement: Non! Non! Non! Tu ne comprends rien! Non ce n’est pas ça! Comment peux tu faire ça? Pendant combien de temps allez vous emmerder le monde? Qu’est ce que tu as? Qu’est ce qui t’arrive?

Un malade d’Alzheimer perd ses repères et ne peux pas gérer son stress. Lui dire non, lui parler comme s’il n’était pas fragile, c’est aggraver sa situation.

Première règle pour bien vivre avec alzheimer: ne ne jamais dire non, ne jamais contrarier le malade. Chercher plutôt à le rassurer.

Il cache sa montre et a peur qu’on la lui vole. Pourquoi? Parce que ses repères disparaissent. Il sait encore lire l’heure ce qui montre que sa maladie n’est pas très avancée et qu’il pourrait être accompagné dans toutes sortes d’activités intéressantes pour lui. Le thème du film c’est : Comment arriver à s’en débarrasser? Sous entendu : comment le faire avec élégance? Nous sommes entre gens de la bonne société londonienne.

Il ne reconnait pas sa fille qui rentre des courses. Oui, mais pourquoi? Notre société est tout entière tournée vers l’extérieur, vers l’identité sociale. Tout ce qui se passe à l’intérieur d’une personne dans son coeur ou ses émotions n’est jamais pris en compte. Un malade se repère aussi à ses neurones miroirs. Ayant perdu ses critères de jugement social, il devient plus sensible à l’intérieur d’une personne qu’à son extérieur. Le stress de sa fille qui rentre avec son poulet lui saute à la figure et il ne la reconnait pas. Oui c’est tout à fait possible. Le cinéaste a changé la comédienne et donc nous non plus nous ne la reconnaissons pas. Dans les histoires de non reconnaissance, c’est le plus souvent l’entourage qui commence à ne pas reconnaitre le malade. Si elle enlevait son manteau, posait ses paquets et regardait son père comme quelqu’un qui est juste là, et pas comme un malade dont elle doit se débarrasser, il pourrait peut être la reconnaitre.

Beaucoup d’images sont noyés dans un clair obscur souvent opaque où on a du mal à discerner ce qui se passe ( comme dans un film d’horreur) la fille aidante va le soir dans la chambre de son père une fois qu’il est endormi et lui caresse la joue… Bizarre, bizarre! S’il dort elle peut le réveiller brusquement et lui faire peur.

Il est arrivé à ce pauvre homme de se faire maltraiter, on le voit recevoir des gifles et pleurer. Les malades se souviennent assez bien des horreurs qu’on leur fait subir. Tous les êtres vivants ont la mémoire des coups, traumatismes ou blessures. Cela fait partie de notre kit de survie. Tout attaque verbale ou non verbale envers un malade sera mémorisée et détruira la confiance qu’une telle personne peut avoir en son environnement physique et affectif. C’est ce qui arrivé à cet homme là avant le début du film. On dit qu’il a agressé son aide soignante qui s’est montré peut être maladroite ou qui ne savait pas qu’un seul regard de mépris peut faire des ravages chez un malade souffrant d’un handicap neuro- évolutif. Il est accusé d’une agression dont son caractère et la maladie seraient conjointement responsables, d’où l’idée de se débarrasser d’un malade ingérable, en y mettant les formes. Nous sommes entre gens civilisés et ce film a déjà fait verser des larmes bien pensantes: « Mon Dieu quelle horreur cette maladie! »

Moi j’y vois l’incapacité de notre soi disant civilisation du XXI siècle à prendre en considération les personnes fragiles. Pour mieux les isoler, on les entoure d’une muraille d’idées politiquement correctes mais humainement fausses, qui empêchent la plupart d’entre nous d’entrer en relation avec elles.

4 réflexions sur « Un guide parfait de qu’il faut éviter de faire: THE FATHER »

  1. Georges Martel

    Que vous avez dont raison, et ça bien du bien de vous entendre ! Merci beaucoup, je vis au Québec et la mentalité et la même ! Je vis avec une femme qui a l’alzheimer que les médecins disent , mais moi je la voie pas comme ça et je peut vous dire que tout vas pour le mieux et celà fait déjà 7 Ans ! Merci a Vous
    Georges Martel

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