J’ai reçu ce mail en novembre et je le publie ici, car je crois qu’il pourrait aider à répondre au grave problème de l’enfermement des patients Alzheimer. Le voici:
» Oui, j’ai lu vos livres et je déjeunais ce matin en compagnie de l’homme qui tartinait une éponge (et tous les autres personnages du livre). Je me faisais justement la réflexion qu’il y a peu d’amis dans vos récits. Il me semble que l’on a besoin de plus de personnes comme vous-même, qui nous parlent des personnes qui ont Alzheimer sans tomber dans le catastrophisme. Au Royaume-Uni et en Australie il y a un programme géré par la Ligue Alzheimer qui s’appelle « Alzheimer Friends » – peut-être que l’on pourrait apprendre à nos contemporains de rester ami.e avec leurs ami/amies qui ont Alzheimer (ou autre forme de démence, d’ailleurs). C’est en tout cas ce que j’espère et ce en quoi je crois ! Encore merci pour votre réponse,… et surtout : continuez à nous parler comme vous faites – c’est essentiel et tellement important pour les personnes malades ! »
Je dis souvent qu’il faut inventer un nouveau métier « promeneur de patients Alzheimer », que moi j’ai appelé Demoiselles de compagnie; on peut trouver aussi des jeunes hommes de compagnie, qu’il est possible de recruter chez les étudiants. Comme chaque cas est différent il faut fournir au promeneur un mode d’emploi de la personne et d’abord un mode d’emploi de la relation avec un patient Alzheimer que l’on peut résumer ainsi:
Ne jamais dire non, ne jamais contrarier, ne pas essayer de raisonner, parler de ce que l’on voit, Ecouter et surveillez les réactions de la personne lorsqu’on répond à ses questions. Savoir qu’une question répétitive n’est pas une question et qu’il ne faut pas y répondre mais essayer de deviner d’où vient le malaise qui a provoqué « un bug » du cerveau et engendré la question répétitive. Trouver des paroles apaisantes.
Donner des précisions sur la personne particulière. Ce quelle aime ce qu’elle n’aime pas. Et vérifier que la relation de confiance s’est installée entre le promeneur ou la promeneuse et son patient. Un seul critère: le sourire partagé. Le patient sait très bien qu’il ne peut pas sortir tout seul et il se sent doublement reconnaissant envers la personne qui lui permet de se promener en oubliant les contraintes de sa maladie.