Début novembre 2015, Daniel, après plusieurs tentatives laborieuses pour se lever de son fauteuil, retombe assis dans son son fauteuil. Je lui demande : « Ça va Daniel ? ». En souriant, il me répond : « Hum ! Je ne suis pas très mort.»
Peu de temps après, il est devenu prisonnier de son lit. Nos enfants se sont réunis autour de lui, et je me disais : « Comme Daniel est gentil de rester là à attendre que tout le monde soit prêt pour son départ. »
Il est parti le 1er Décembre 2015. Nous avons organisé une cérémonie d’hommage au Père Lachaise quelques jours plus tard et j’ai demandé aux demoiselles de compagnie de prendre la parole. Elles se sont consultées et voici ce que l’une d’elle a dit en leur nom:
Nous, les demoiselles de compagnie de Daniel, aimerions partager quelques souvenirs avec vous. Il nous faisait beaucoup de compliments: » Vous êtes souriante, vous êtes très agréable ! » « C’est formidable et remarquable ce que vous faites. Vous êtes intelligente ! Vous êtes belle ». Il adorait chanter: My darling Clementine, A la Claire fontaine, L’Auvergnat, La Marseillaise, et des chansons russes. Il nous parlait souvent en russe, très surpris qu’on ne le comprenne pas, en anglais c’était plus facile pour nous de lui répondre, mais parfois il nous tenait de longs discours dans un langue qu’il était le seul à comprendre. Daniel nous tenait toujours la porte: « Après vous mademoiselle. » Il saluait son propre reflet dans le miroir : « Bonjour monsieur ! Comment allez-vous ? » Quand on se promenait, l’attente au feu rouge était problématique, il pouvait dire: « Vraiment merci pour tout, mais moi j’y vais ! Je vous laisse là ! Merci, Au revoir! ». Il fallait inventer une diversion. Un jour un camion, en reculant, a complètement écrasé son caddy de courses, et Daniel a dit : » Oh non! C’est vraiment dommage! On s’entendait si bien ! ». On riait souvent ensemble, un jour en parlant de ma jupe, il m’a dit : « Elle est très belle votre nappe ! » Tout était toujours inattendu et on ne s’ennuyait jamais avec lui. Récemment, il s’est adressé à son reflet dans la glace de l’ascenseur, il lui a dit d’un air grave : « Monsieur, vous vous n’en avez plus pour longtemps. »
Nous nous sommes beaucoup promené en compagnie de Daniel, et en retour il a veillé sur nous, il était très sensible à nos humeurs et nous demandait quelquefois d’un air concerné : «Est ce que ça va?» Nous ne pourrons pas oublier ses devises : « Écoute la voix de ton cœur, elle ne te trompera pas ! Sois fidèle à toi même ! »
Pour tout cela : Merci Daniel ! Merci Alzheimer !
Je vous présente, bien tardivement, mes plus sincères condoléances.
Je revenais sur votre site pour y puiser des conseils avisés pour ma mère qui s’occupe seule de mon père en perte de repères, et je découvre cette triste « nouvelle ».
Jusqu’à présent je lui envoyais des liens par courriel, mais elle préfère désormais ouvrir une lettre, et lire mon écriture en complément de vos textes imprimés.
Comme la personne précédente j’ai passé beaucoup de temps en compagnie de Daniel via ses livres consacrés à Svamiji, en parallèle à l’enseignement d’Arnaud. Je lui suis infiniment reconnaissant de la qualité et de la rigueur qu’il a su leur communiquer.
J’espère aussi de tout cœur que le site http://www.svami-prajnanpad.org/ sera soigneusement maintenu. C’est un trésor auquel je renvoie souvent depuis mon propre site.
Je vous assure de mon amitié la plus sincère.
Swamiji,Arnaud Desjardins,Daniel Roumanoff, trois noms qui ont changé notre vie à mon mari et à moi-même dans des moments très difficiles.Daniel restera le témoin de ce que peut être Alzheimer quand on a le bonheur d’avoir à ses côtés une femme comme Colette,lucide,courageuse et altruiste.Merci à Daniel et à Colette.
Chère Colette,
Comme la plupart des personnes qui ont laissé un commentaire, je pense beaucoup à vous deux qui êtes entrés dans ma vie il y un peu plus d’un an.
Ginette a ressenti aussi la tristesse que chacun ressent en ces moments difficiles .
La photo de Daniel a rejoint celle d’Arnaud Desjardins et comme un lien invisible de nos esprits, je vois dans leurs regards le signe d’une présence .
Affectueusement
Daniel
Merci à vous Colette et Daniel et toutes les personnes qui témoignent ici sur ce blog; je partage aussi cette vie d’accompagnant d’un malade d’Alzheimer, de plus handicapé physique depuis son plus jeune âge. Mon mari Bernard Dubois, 78 ans, a eu la polio tout jeune. Sa jambe droite est très faible mais cela ne l’empêchait pas de marcher sans canne puis avec, mais conjuguée avec Alzheimer on dirait que l’ancienne polio a réattaqué sa jambe.
Je n’ai découvert votre livre Colette qu’il y a un ou deux mois. Mais comme il m’a fait du bien.
Mon mari aussi est maintenant prisonnier de son lit…
Pensons toujours aux petits bonheurs.
Merci encore.
Titia
Chère Colette
Surpris et triste de ce départ de Daniel, je vous adresse toutes mes pensées chaleureuses dans ce moment de vie nouveau et sans doute douloureux.
Je lis assidument votre blog depuis plusieurs années et la simplicité et sincérité de votre témoignage m’ont touché profondément.
Je n’accompagne pas de personnes désorientées au long cours, mon travail de formateur ne me les fait rencontrer qu’épisodiquement mais je suis toujours touché par leur fragilité et leur besoin d’être aimé.
Lorsque j’anime des sessions de formation auprès de soignants ou de bénévoles accompagnant ces personnes, j’essaie de leur transmettre cette attitude d’accueil et de modestie dont vous témoignez dans vos écrits. Rien n’est jamais acquis, c’est en étant vrai , dans l’instant, face à la personne malade que l’on pourra avoir une communication satisfaisante pour l’un et l’autre. Vous avez parfaitement expliqué qu’il fallait observer en permanence les réactions de la personne désorientée pour « improviser » la bonne attitude face à elle. J’ai beaucoup apprécié également votre modestie, qui consiste à reconnaitre que vous êtes partie dans une mauvaise direction et à faire marche arrière. Cela nous change de ceux qui font » toujours plus la même chose » !
J’espère que vous continuerez à nous nourrir de vos réflexions qui sont pour moi un continuel ressourcement.
amicalement
Pascal
Très chère Colette !
Que vous dire excepté que je pense fort à vous !
Daniel … Faisait partie de ma vie à travers vos articles, vous m avez tous les deux donné beaucoup d espoir et de réconfort lors de l annoncé de cette » fameuse maladie » à mon papa !
Vous êtes indéniablement Colette une femme extraordinaire, j ai beaucoup d admiration pour la femme que vous êtes et votre accompagnement auprès de votre cher et tendre Daniel !
Vous étiez si beaux tous les deux .
Je sais que la vie aura un goût amer sans Daniel …mais prenez soin de vous à présent !
Je vous souhaite plein de jolies choses avec beaucoup beaucoup de douceur .
J’ose vous embrasser et vous serrez fort dans mes bras.
Martine
Chère Colette,
Je vous adresse mes plus sincères condoléances. Alors que je ne connaissais pas Daniel j’ai pleuré, il faut dire que vous nous faisiez tellement bien partager votre vécu qu’on se sent proche et tellement solidaire. Nous avons aussi été très émus à la lecture du témoignage des demoiselles de compagnies et nous avons ri aussi. N’est-ce pas cela la vie, du rire te des larmes.
Un énorme merci pour la générosité avec laquelle vous avez partagé tout ces moments avec nous. Vous nous donnez tellement d’espoir et nous nous sentons moins seul de croire au bonheur avec la maladie d’Alzheimer.
Mina
Chère Colette,
C’est une profonde tristesse que je ressens à l’annonce du départ de Daniel et je vous adresse toutes mes condoléances. Vous nous avez permis de partager votre vie et, même si on ne s’est jamais rencontrés, vous et Daniel faites partie de mes proches.
Votre blog apporte un énorme soutien à vos lecteurs et j’espère vous relire encore et encore.
Avec toute mon amitié.
Laure
Chère Colette
Depuis la nouvelle de ce décès , j’ai bcp pensé à vous. Merci de nous partager les derniers moments de votre cher Daniel! A force de vous lire j’ai l’impression de vous connaître et je me sens attristée par l’annonce …
Chère Sylviane et chère Katia, comme pour vous mon mari n’a que 59 ans … Je me sens projetée dans le monde de la vieillesse et le la lenteur sans en avoir l’âge et souvent très seule par rapport à mes amies qui ont bcp d’activités … Colette par ses témoignages nous est proche et nous laisse entrevoir l’importance de continuer malgré tout à préserver une relation paisible et joyeuse.
Merci Colette Merci Daniel
Votre amour a porté tant de fruits …
Anne
Chère Colette, je vous présente mes vraies et sincères condoléances. Je suis atterrée par ce qui vient de se passer tant pour vous que pour votre époux et mes pensées vous accompagnent sur vos chemins maintenant séparés.
Mon amour me dit lui souvent : « je serais mort avant 60 ans » et j’ai bien du mal à le croire;sans doute, dit-il vrai. Il chante lui aussi sans cesse des chants extraordinaires que lui seul connait et adore écouter toujours et encore de la musique …
Très égoïstement j’espère que vous aurez la force et le désir de poursuivre ce blog, car votre soutien nous est devenu une grande bouffée d’air iodé, qui nous permet de respirer sans admettre les idées féroces et reçues, véhiculées sur ceux et celles atteints. Pourquoi nous, si proches d’eux et elles, ne sommes presque jamais interrogées, écoutées, entendues ?
Je vous souhaite beaucoup de joie intérieure dans les temps difficiles qui sont là. Et à lui une paix profonde sans renoncements.
Katia
Bonjour Katia. Vous évoquez votre mari , votre amour. Est il âgé de moins de 60 ans comme vous semblez le dire ? Mon mari a 59 ans et je cherche à échanger avec des personnes qui partageraient l’accompagnement d’un jeune malade. Comme vous, je suis profondément attristée par le décès de Daniel et j’espère que nous continuerons sur le chemin tracé par Colette.
Sylviane
Bonjour Sylviane,
Oui il est jeune (58 ans) et sa maladie est arrivée à un stade sévère, qui me laisse parfois pantoise et en plein désarroi. A d’autres instants, je suis avec lui dans l’amour et la complicité, parfois dans le combat. Je suis tout à fait disponible pour que nous échangions dans l’espérance de nous apporter mutuellement du soutien (sans complaisance qui me semble inappropriée dans cette situation). Quelle voie conseillez-vous pour ces échanges ?
Bien amicalement à vous. Katia
Chère Colette. Je m’associe à votre peine et je vous présente mes plus sincères condoléances. J’accompagne mon mari dans cette maladie et je vous remercie pour tout l’optimisme que Daniel et vous avez pu me communiquer à travers vos articles ou votre livre, écorné à force d’être lu et relu. J’espère que vous continuerez à nous soutenir d’une manière ou d’une autre. Je vous souhaite beaucoup de force et de courage pour poursuivre votre vie sans votre Daniel.
Sylviane
Chère Colette
Je vous présente mes plus sincères condoléances . Daniel est parti serein, vous avez su le garder près de vous , entouré, heureux de vivre malgré la maladie.
Tous les deux vous êtes des modèles qui m’avez donné de la force pour me tenir au côté de mon mari touché lui aussi.
Je lis et relis ce blog dans des moments de doute ou d’énervement. Très égoistement j’espère que vous ne nous laisserez pas orphelin nous aussi!!!