Les causes de la confusion
Quand le cerveau est hyper stressé on peut facilement après coup retrouver les circonstances aggravantes qui en sont la cause : la veille de l’exemple de la nuit difficile il y a eu un gros orage avec de la grêle, ce qui a interdit la ballade habituelle et beaucoup inquiété notre patient, qui avait oublié qu’en Provence comme il y a beaucoup de rochers l’orage résonne terriblement. Ensuite il y a eu une atmosphère lourde qui est en soi un inconfort, lequel devient vite inquiétant quand on ne peut pas le relier à sa cause. Ensuite et cela a peut être compté, je n’aime pas trop les orages, pendant longtemps j’en ai eu très peur et Daniel alors se moquait de moi.
La bonne humeur
Il y a dans la maladie d’Alzheimer des phénomènes aléatoires, c’est pourquoi il ne faut pas se laisser impressionner par des états de grande confusion (cf Qui êtes vous? Je ne vous connais pas!), ni en tirer la conclusion que c’est « le début de la fin ». Tout est accident de parcours et il faut être prêt aussi à de bonnes surprises. Seule condition incontournable la présence de la bonne humeur et du sens de l’humour qui va avec.
Si on passe son temps à se lamenter sur l’état « affreux » du patient. Même si on se retient d’exprimer des choses négatives à son encontre (il y en a qui le font peut-être dans un souci de « vérité » cf Cécile Huguenin: Alzheimer mon amour) Le patient le sent et se sent « affreux », ce qui n’a aucune chance d’améliorer l’état difficile où il se trouve plongé.
De bonnes surprises
La fragilité du patient et sa réactivité à tout inconfort gouverne le quotidien du patient et de l’aidant. Mais à l’inverse le patient réagit fort à tout sentiment de confort. Hier le temps était délicieux. En fin d’après midi Daniel a pris son premier bain dans la piscine. Il avait accepté l’idée de se baigner, refusée pendant plusieurs jours, mais il a commencé par trouver l’eau trop froide et semblait très inquiet. Nous l’avons encouragé gentiment. D’un seul coup il a pris une grande inspiration il s’est mis à nager sous l’eau tout à fait comme avant. Il a ressorti la tête de l’eau avec un grand sourire. Comme si la mémoire était attachée à des gestes (ici la nage sous l’eau) bien plus qu’à des paroles, puisqu’il perd peu à peu le sens d’un grand nombre de mots. Dans la soirée je lui ai proposé un ping-pong. Il ne savait plus de quel coté de la table se mettre. Mais dès qu’il a commencé à jouer de nouveau il était content et nous nous sommes bien amusés.
La nuit a été bonne, je ne me suis levée qu’une fois, il ne retrouvait pas son lit qui était juste devant lui malgré la lumière d’une veilleuse. Ce matin il s’est mis à chanter à tue-tête sous la douche et il a voulu et réussi à se shampouiner tout seul, ce qui ne lui était pas arrivé depuis un an au moins.
Dans les circonstances améliorantes de la veille et de l’avant veille il y a eu aussi la visite d’amis. Daniel ne pouvait pas suivre la conversation mais il était content de les revoir, même s’ils ne peut pas les nommer. L’échange des regards, la poignée de main ou les bises, le son de la voix et la présence amicale sont ce qui nourrit.
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