Si c’est la peur qui prime
Je reçois hier, rentrée oblige, deux demandes de dons pour « Alzheimer » avec des arguments destinés à ouvrir les porte-feuilles. Les BA aujourd’hui se font avec des chéquiers et si vous faites un don la maladie vous épargnera…
Dans un mailing, on joue avec l’angoisse comme avec un yo-yo. « Ensemble nous allons vaincre Alzheimer! « Oui, mais on vous propose un test rapide en six questions. Si vous répondez: « oui » à deux questions, il est conseillé d’aller voir un centre mémoire. Tous menacés.
Dans un autre mailing , la lettre manuscrite d’un enfant de 7-8 ans. Une lettre écrite par des diplômés en communication avec une faute de participe passé pour faire vrai.
L’enfant écrit: « Ma mamie ne fait plus de gâteaux… Elle ne sait pas quel jour on est, elle fait des bêtises, et même des fois, elle ne me reconnait pas etc… « . Ça le rend triste et nous aussi, que la pathologie soit réduite à une si longue liste de manques. A quoi sert d’expliquer à cet enfant que ce ne sont pas des « bêtises » mais des repères qui disparaissent, si le contexte est négatif, seule la peur demeure. Même s’il croit qu’il doit gagner de l’argent pour faire des dons qui vont empêcher la maladie de le manger, il aura encore peur. La peur empêchera toujours la bienveillance.
Si la prise en charge est bienveillante
A l’époque où Alzheimer était inconnu du public, on disait de mon arrière grand-mère qu’elle avait perdu la tête. J’avais six ans. Je ne comprenais pas pourquoi sa tête était toujours sur ses épaules puisqu’elle l’avait perdue. Ma grand mère s’en occupait avec le sourire. Mon arrière grand-mère allait dans le jardin, il y avait un lavoir et pas d’eau dedans, ni de linge, mais elle mimait tous les gestes de quelqu’un qui lave le linge. Je la regardait fascinée. Elle avait été blanchisseuse toute sa vie. Le frère et la sœur de ma grand mère venaient la voir et lui disait en forçant leur voix qu’il fallait mettre leur mère à l’hospice. Ma grand mère ne voulait pas et moi je l’admirais beaucoup. Elle a tenu bon. Aujourd’hui encore je l’admire.
Ce n’est pas ce qu’on dit mais ce qu’on fait qui compte pour les enfants. La peur est contagieuse, le courage et la détermination aussi.
Le petit chaperon rouge et sa grand-mère.
Le Chaperon Rouge, c’est une petite fille qui va voir sa grand mère malade et lui apporte à goûter. Voilà ce que pourrait faire le petit garçon qui pleure après ses gâteaux perdus: apporter un goûter à sa grand-mère malade.
Éduquer les enfants, c’est leur apprendre à donner. Et pourquoi pas leur montrer comment faire des gâteaux pour en donner aux autres.
« la peur empêchera toujours la bienveillance » merci Madame, vous avez éclairé ma journée!!!