Comprendre et faire face.
C’est le titre que Michèle Micas a donné à un des chapitres de son livre, c’est le cœur de sa démarche, comme c’est la nôtre. Sans comprendre on ne peut rien faire de constructif ni d’intelligent. La maladie d’Alzheimer induit des comportements étranges, devant lesquels il est si facile de se scandaliser, ce qui engendre inévitablement des drames pour toutes les personnes concernées, alors qu’il est possible de rechercher, à condition justement de comprendre et de faire face, un niveau de vie optimal pour tout le monde.
« Comment vivre avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer » existe depuis 2003 (éditions J.Lyon) il a été réédité en 2006 et en 2008 sous le titre plus court de « Alzheimer », ce qui est un peu dommage.
J’aurai tellement aimé pouvoir lire ce livre en 2006 quand j’ai été confrontée au diagnostic et je ne comprends pas qu’il n’ait pas été plus et mieux diffusé par le milieu médical. Je recommande de commencer le livre à la page 87 pour les éditions anciennes, à la page 121 pour les éditions récentes au chapitre « Comprendre et faire face ».
Du vécu
Michèle Micas est gérontologue et psychiatre. Elle consacre le début de son livre à résumer tout ce que l’on sait médicalement de la maladie. Elle donne un panorama complet de toutes les hypothèses et des recherches en cours. Cette mise au point intéressera davantage les étudiants, les professionnels de santé ou les médecins généralistes que ceux qui sont confrontés quotidiennement à une longue liste de problèmes quotidiens.
On sent à la lecture que ce médecin gérontologue et psychiatre a vécu intimement son quotidien avec une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle a su manifestement comprendre et faire face. Elle se sert de son expérience de terrain et de son savoir pour répondre aux plaintes des patients et de leur famille.
Des conseils précieux.
« Considérez le bons sens et l’imagination comme vos meilleurs atouts.
Pratiquez l’art de la diversion…
Pratiquez l’art du réconfort…
Soyez prêt à répéter ce que vous attendez de lui. Votre impatience peut diminuer ses possibilités.
Ne lui posez pas de questions pour tester sa mémoire, vous ajouteriez à la confusion… »
Elle résume une plainte particulière décrivant une situation concrète qu’il est facile de rreconnaître et donne ensuite un ou deux éclairages qui permettent de comprendre la situation (Explications possibles) et des directions pour faire face (Solutions proposées). Elle déploie sous nos yeux un immense panorama de problèmes pratiques et vécus, en proposant chaque fois des solutions pour sauvegarder le bien-être du patient et celui de l’aidant, de manière à ce que la personne qui souffre la maladie d’Alzheimer puisse être «à son niveau de vie optimal »
Parmi tous les exemples je retiendrai celui-ci : « Mr H refuse de quitter sa chambre jusqu’à ce que sa fille réalise que les sols trop luisants étaient confondus avec des flaques d’eau ». Son père avait peur de glisser et de se mouiller les pieds et il ne comprenait pas pourquoi les autres voulaient le faire marcher dans des flaques d’eau. Là encore on voit que la première étape est de comprendre. Et pour cela il faut de l’imagination et une attention bienveillante.
Où est la confusion ? Qu’est ce qui a été confondu avec quoi ? Comment prévenir ou empêcher la confusion de troubler le quotidien. C’est juste la qualité de vie qui en dépend, et c’est donc le cœur du sujet.
On voit que l’état du malade dépend de la manière dont on le traite, de la vie qu’on lui organise. Comme le dit Michèle Micas : « Une attitude adéquate constitue un soin véritable ».
Je cherche à comprendre ce qui arrive à ma maman(78 ans).Nous n’ avons pas de diagnostic clair.Mon papa est désemparé, et craque nerveusement.Pour moi, fille unique ce n’est pas facile de gerer les deux, surtout quand ils ne veulent pas comprendre.L’une parce qu’elle oublie, l autre qui est dans le denis.
Bonjour,
Ce qui compte c’est de pouvoir de dénouer les situations concrètes. La personne qui oublie ne se rend pas compte qu’elle oublie, c’est normal et le conjoint aimerai bien que les choses soient différentes, c’est normal aussi. S’il s’agit d’Alzheimer, ce qui n’est jamais certain, il n’y a pas de traitement. La seule façon d’améliorer les chose est d’adapter l’environnement et le mode de vie aux capacités de la personne qui oublie.
Expliquer la situation à vos parents ne risque pas de servir à grand chose sauf à les contrarier. Or la contrariété augmente le stress et empêche d’accepter les changements de la vie quotidienne. Il faut souvent redistribuer les rôles, à commencer par le votre. Pouvez vous faire avec votre mère des activités sympa, sans lui faire le moindre reproche, ce qui aura pour effet de détendre tout le monde et de ramener la bonne humeur dans la maison.
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