Azheimer et la conduite automobile

Je reçois ce message de Marie-Thérese:

« Je ne sais pas où aller sur le site pour poser des questions : je ne sais pas comment faire pour que mon mari atteint de la maladie d ‘Alzheimer accepte de ne plus conduire. Il devient dangereux dans les ronds points . alzheimer conduiteAujourd’hui il a forcé le passage en entrant rapidement dans un rond point. Le conducteur de la voiture à qui il avait coupé la priorité l’a rattrapé, furieux et  l’a obligé à stopper : il avait ses 2 enfants dans la voiture .
je venais juste de lui dire de rouler moins vite dans une ville qu’il ne connaissait pas, mais cela l’irrite encore plus. Merci pour votre aide. »

Et cela vaut d’entrer dans tous les détails.

La difficulté vient de ce que le malade peut démarrer sa voiture et la faire rouler, car il garde la mémoire des gestes nécessaires, mais comme il a perdu une partie de ses repères, il arrive un moment (Quand? C’est difficile à déterminer car la perte des repères se fait par a-coups) où il risque de prendre l’autoroute en sens inverse  ou de ne plus savoir où il va, ni où il se trouve, ni où il a garé sa voiture.

Il faut être vigilant et garder à l’esprit qu’il existe au moins 70 stades dans la maladie d’Alzheimer et qu’aucun malade ne ressemble à un autre.
Le plus important est d’observer calmement ce qui se passe pour pouvoir inventer des solutions aux problèmes quotidiens au fur et à mesure qu’ils se présentent. La conduite automobile est une question très épineuse. Il faut amener le malade a y renoncer de lui-même.
Comment faire?
Qui peut conduire à sa place? Que peut on lui proposer comme autre activité épanouissante?
Comment remplacer les trajets en voiture par autre chose? ( les transports en commun, le train, le taxi, le covoiturage etc…) Faire les courses à pied et trouver des services plus près du domicile. etc…
Et enfin ruser, par exemple faire réparer la voiture et annoncer qu’elle est irréparable et ne pas la remplacer ou la remplacer par une autre automatique par exemple qu’il ne pourra pas apprendre à conduire…
Dans tous les cas prendre beaucoup de précautions, entourer le malade de petits bonheurs, lui distribuer largement des compliments pour la moindre chose qu’il fait correctement, lui demander de l’aide même pour un geste simple, car la privation de la conduite automobile est vécue comme une perte importante du pouvoir du malade sur son environnement. C’est une pilule amère. Il faut beaucoup de douceur pour la faire avaler.
Et vous savez que la maladie d’Alzheimer n’est rien d’autre que la perte progressive et régulière du pouvoir du malade sur son environnement.

L’arrêt de la conduite automobile pour un malade suppose beaucoup de changements dans le mode de vie et le mode d’emploi de la journée ou de la semaine. C’est assez laborieux à mettre en place. Mais quel bonheur quand, enfin, on y arrive!!!

7 réflexions sur « Azheimer et la conduite automobile »

  1. renée Caudrillier

    Mon mari continue à conduire ;il accepte que je sois à son côté pour « jouer le GPS »;par contre quand il est contrarié,il s’empare de ses clefs et de ses papiers pour partir (où?) en voiture.J’ai sûrement eu tort en cachant ses clés car çà le stresse encore plus.Que faire?

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    1. coletteroumanoff Auteur de l’article

      La conduite automobile, surtout pour un homme nourrit l’estime de soi et sert à compenser bien des frustrations. Arrêter est donc très difficile, mais c’est indispensable à partir du moment où cette conduite devient un danger pour tout le monde et pour vous aussi. 
      Il faut donc à la fois ruser pour que cet arrêt ait l’air d’un événement inévitable (la voiture est  cassée elle est au garage, en réparation, et ça traîne.) Il y a des solutions de rechange à mettre en place pour résoudre les problèmes de déplacement. 
      Et ensuite trouver au malade toute sortes de compensations qu’il apprécie et vous êtes la seule à pouvoir proposer: il faut essayer beaucoup pour trouver quelque chose qui marche, qu’il pourra faire avec plaisir et qui le fera se sentir bien. 
      L’arrêt de la conduite automobile est l’épreuve la plus difficile de cette maladie et quand vous y arriverez vous pourrez être fière de vous. 
      Lui dire: « qu’il ne peut plus conduire à cause de la maladie, que le médecin le déconseille » est à éviter à tout prix.
      Pourquoi?
      Parce qu’il se sentira rabaissé, annulé, mal jugé, mal traité. Et la réaction sera la colère ou le fait de prendre de prendre la voiture pour aller n’importe où n’importe comment pour vous  prouver que vous avez tort.
      Cette maladie est difficile à supporter parce qu’elle confronte le malade à toutes sortes de sentiments d’impuissance, d’angoisse et d’insécurité. Il y a des familles qui ont envoyé les gendarmes avec pour mission de confisquer la voiture et le permis de conduire. Ce qui est une véritable « catastrophe humaine ». Et je pèse mes mots.
      Il n’y a pas de protocole tout fait. C’est à vous  d’inventer le votre, en restant très calme quoi  qu’il arrive.

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    1. coletteroumanoff Auteur de l’article

      bien sur que non personne ne peut conduire sans permis. Un malade doit éviter de conduire m^me s’il a son permis à partir du moment
      où il perd ses repères et peut devenir un danger pour lui et pour les autres comme brûler un feu rouge prendre une rue en sens interdit ou l’autoroute en sens inverse

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  2. Jacqueline

    C’est la neurologue qui a le charisme d’une huitre ! qui lui a dit de ne plus conduire. Elle lui a brossé un tableau tellement négatif de ce qui pourrait advenir en cas d’accident qu’il a été convaincu tout de suite. Il avait brûlé un stop un jour et nous avions été poursuivis et forcés de nous arrêter par le conducteur prioritaire très stressé et énervé.
    Après la visite chez la neurologue j’ai été soulagée ( c’était bien la première et dernière fois car elle a l’art de me décourager à chaque visite….) et je pensais que mon mari avait bien pris la chose me laissant conduire sans problème depuis 2 ans. Mais tout récemment je l’ai entendu dire à quelqu’un que le fait de lui interdire de cconduire l’avait choqué et que de ne plus pouvoir décider d’aller où il voulait quand il voulait le gênait. Il s’est rabattu sur le vélo mais va de moins en moins loin.

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