Beaucoup de malades Alzheimer ont du mal à se nourrir et souvent ne mangent pas suffisamment.
Le problème de l’alimentation doit être rapporté au contexte général de la maladie. La perception du monde est changée et les informations sont de moins en moins bien traités surtout en quantité.
Servir un repas dans une assiette blanche posée sur une nappe blanche va mettre en difficulté un malade ( à partir d’un certain stade de la maladie), car il ne percevra pas clairement ou s’arrête son assiette et où commence la nappe. Rien ne remplace l’observation bienveillante du comportement du malade. Les tests de mémoire ne nous apprennent rien sur les repères dont dispose ou non le malade. Quand j’ai remarqué que mon mari essayait avec sa fourchette d’attraper de fleurs violettes qui décoraient le tour de son assiette, parce qu’il les confondait avec la nourriture, j’ai rangé les assiettes à fleurs dans un placard. Je les ai remplacées par des assiettes blanches que je posais sur une toile cirée anthracite.
Le rôle de l’aidant ou du soignant est de rendre l’environnement le plus lisible possible pour le malade. Ce sont les tous petits détails qui rendent faciles ou difficile les gestes quotidiens.
Pourquoi rouge ? On les voit mieux
Près de Machecoul, il y a un Ephad dont les soignants ont fait un tour d’Europe, il y a quelques années pour voir ce qui se faisaient ailleurs, et c’est en Suède qu’ils ont découvert les assiettes rouges. Dans ces assiettes les malades mangent avec appétit, les tasses aussi sont rouges. Et dans les salles de bains les cuvettes aussi sont rouges, ce qui évite des confusions. Encore une fois blanc sur blanc ce n’est pas lisible pour des malades.
La mode aujourd’hui est au blanc sur blanc : c’est design c’est branché! Les infos importantes comme « WC » sont ton sur ton, c’est à dire invisibles pour un malade. Dans certains Ephad, pour éviter les confusions de porte, on a peint les portes de couleurs différentes mais
pour des raisons esthétiques on a choisi des tons pastels qui ne sont pas reconnus. Le problème reste entier.
Pour les enfants en bas ages qui sont en train de construire leurs repères, les couleurs vives sont mieux reconnues. L’enfance est une clé dont il ne faut pas se priver pour comprendre les malades alzheimer, pour leur faciliter la vie avec des repères clairs.
L’enfance joue un rôle aussi dans le contenu de l’assiette. Les malades alzheimer ont une affinité avec le sucre, peut-être parce que le cerveau en consomme beaucoup, peut être parce que les repères flous dans lequel ils vivent leur rappelle l’enfance. Les desserts, les gâteaux, les crèmes à la vanille restent des best sellers jusqu’à la fin.