Les Actualités sociales hebdomadaires (ASH), revue professionnelle hebdomadaire consacrée au secteur de l’action sociale publie cette semaine un compte rendu de « L’homme qui tartinait une éponge ».
TÉMOIGNAGE ALZHEIMER :MÊME PAS PEUR !
C’EST L’HISTOIRE D’UN HOMME QUI SE LÈVE EN PLEINE NUIT et qui, après avoir
erré dans son appartement en se cognant un peu partout, arrive dans une cuisine et commence à tartiner une éponge avec du
beurre. Il allait la porter à sa bouche quand sa
femme le surprend et lui arrache sa «tartine»
des mains. Le décor du livre de Colette
Roumanoff est planté : » L’homme qui tartinait
une éponge » raconte son expérience de dix
années passées à côté de son mari atteint de
la maladie d’Alzheimer et celle de centaines d’autres malades et de leurs proches.
Des témoignages drôles, poignants souvent,
comme celui de cette vieille dame privée
de tiramisu par sa fille parce qu’elle ne veut
pas manger le poisson que celle-ci lui a
apporté et qu’elle estime bon pour sa santé.
Pour autant, le message n’est en rien désespérant, au contraire. Loin des clichés et des
scénarios catastrophes, loin des lamentations et des discours médicaux, loin de la peur
qu’elle fustige, l’auteure en appelle à un autre regard sur la maladie. Un regard bienveillant
et respectueux du patient, lui qui ne peut plus raisonner ni argumenter, mais qui reste
sensible à toutes les marques d’affection, de tendresse et à tout ce qui fait le sel de la vie,
même si ce n’est plus la même qu’avant parce sa mémoire s’est évaporée.
L’ouvrage invite les aidants, «dépositaires d’un énorme pouvoir sur
ceux qu’ils aident», à être attentifs à l’autre et à se poser les bonnes questions : qu’est-ce qui
améliore l’état du malade, ou ce qui, au contraire, l’aggrave ? Qu’est-ce qui lui fait plaisir, ou ce qui le rend triste ? «Le diagnostic d’Alzheimer marque le début d’un voyage en terre inconnue
autant pour le patient que pour son entourage», souligne Colette Roumanoff.
Mais plutôt que de le forcer à revenir dans notre monde,
essayons d’apprendre à connaître le sien et à l’écouter. Pour cela, «il faut prendre ses distances
avec le monde bien pensant qui a mis l’“aidant-victime” au centre des préoccupations et
le ”malade-dément” à l’extérieur de la cité».
BRIGITTE BÈGUE
«L’homme qui tartinait une
éponge» – Colette Roumanoff – Ed. La Martinière, 2018 –
19,90 €